C’est une histoire à dormir debout. Un objet trouvé, une boîte d’images anonymes. Sur ces plaques de verre, la vie des autres. Un fleuve tranquille, une famille cachée parmi les roches et les herbes, hautes. Un enfant qui apprend à s’en rendre malade. Des images bonnes à rien. Et qui quelque part, ont tout pour plaire. Ce sont des photographies manquées qui parlent d’un autre temps. Surtout, elles résonnent. Quand tout revient, que rien n’est passé, commence la séance de lutte. Pour liquider l’histoire, perdre connaissance, il aura fallu identifier avant que de tenter d’épuiser, de malmener sûrement, ce souvenir-écran qui rôde et qu’on ne sait pas nommer. Flou net. Au fond, ça ne nous regarde pas. À l’envers, à l’endroit, en surface, dans les plis, la peau de l’image, délavée. Comme un boomerang, elle apparaît encore, récidive. Défaite, désaffectée peut-être, plus que jamais vivante. Dans cet aller-retour, il s’est produit un accident. Plusieurs, même. Tout un trafic. Un tas de preuves, les unes contre les autres. C’est le devenir-image, promesse, la somme de toutes ces peurs, mises en pièces, qui défilent et repassent. En boucle.
Thérèse Verrat & Vincent Toussaint, March 2018.