Abandonnée, elle s’offre. Dans le miroir-cadre, le reflet toujours recommencé. Celui de l’étreinte, un peu forcée, un peu feinte. Pourtant, elle ne le déteste pas, au contraire. Lui et quelques autres, elle les appelle ses visiteurs. Cambrée, elle fait mine de lui échapper. Elle ne se débrouille pas mal. Elle se tortille. Grogne. Il sent bon, c’est idiot. Une cologne russe sur ses joues lisses. Chemise, veston, gomina, oui, il a décidément tout du truqueur. Alors elle rit parce qu’elle le vampirise et qu’il ne le voit pas. Il la croit captive tandis qu’elle le possède tout entier, ses mauvaises mains raides et puis tout le reste. La chaise, son manteau sur la chaise, le bouquet, le cendrier, les rideaux, le papier peint, la table de chevet, le miroir par trois fois. Ici, tout lui appartient. Du désir, elle s’en moque bien. Tout à l’heure, elle ira se perdre dans les rues. Elle aura déjà oublié.
Simone, PhotoSaintGermain, Nov 2016.